Avenue des Géants
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2.20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.
Ce livre n'est pas un coup de coeur mais il le frôle légèrement. Il m'a retourné, mis une claque, fait froid dans le dos, émue... Bref, je suis passée par tout un panel d'émotions et c'est bien sûr ce qui me fait dire que ce livre est très réussi.
Mais commençons par le début. J'ai pris ce livre à la bibliothèque sans en espérer grand chose. A vrai dire, le résumé ne m'emballait pas plus que ça non plus. Mais c'est le gros point positif de la bibli justement: on peut découvrir de chouettes bouquins, que l'on aurait pas acheté en librairie à cause du prix qui nous aurait stoppé tout de suite.
Marc Dugain est un écrivain français et pourtant quand on lit ses lignes on a le sentiment d'avoir à faire à un auteur américain qui connaît les Etats-Unis des années 60 comme sa poche. Celle qui nageait en pleine vague hippie mais dont les soldats revenaient dévastés.
Son style est fluide et nous accroche dés les premières lignes.
J'ai été surprise d'apprendre que l'auteur s'est beaucoup inspiré de la vie d'Ed Kemper, tueur en série de la même époque. Bien sûr si ce livre vous intéresse, je vous déconseille d'aller lire des infos concernant ce dernier car vous n'aurez alors plus besoin de découvrir ce roman.
Alors, qu'est ce qui a donné envie à Marc Dugain d'écrire un roman sur ce lugubre personnage? Je ne le saurais pas mais en tout cas le pari est plus que réussi.
Dés les premières pages, Al Kenner nous raconte son histoire et on plonge en totale immersion dans son esprit. Le plus effrayant quand on lit ce livre c'est qu'on essaye de le comprendre et de voir en lui quelqu'un comme tout le monde. Marc Dugain arrive alors parfaitement à nous emmener la ou il le souhaite et nous offre une fin totalement inattendue, une claque monumentale.
Ce livre est dur sans être glauque mais la finesse psychologique fait qu'on a vite envie de lire quelque chose de plus gaie après ça.
Conclusion: L'auteur maîtrise son livre du début à la fin et est loin de nous laisser indifférent.
(édition: Gallimard, 361 pages, année de parution: 2012)